top of page

On s’en-souviendra,


Ismail Nezzar a 20 ans

Ismail Nezzar

La finalité de la vie est connue de tout un chacun, et nos témoins de vie sont, somme toute, assez peu nombreux. Ayant eu la chance de faire partie de ces témoins, nous aimerions faire partager la vie multiple et tellement riche d’un homme, vie faite de courage et de don de soi: Celle du Ismail Nezzar, qui a rejoint son créateur le 13 Janvier 2012, après 75 ans de protection, d’amour et de bonté pour sa famille.

Son existence nous parait tout particulièrement intéressante car il fut un témoin privilégié autant qu’un grand acteur d'une époque avec ses modes de vie, ses évolutions, ses événements.

Jeune Homme, élevé dans une famille qui respirait le patriotisme algérien,fils de Said et neveu de Salah, parmi de nombreux braves chouhadas de sa famille, il s’engagea dans la lutte, encore balbutiante, pour la libération nationale. Connaissant bien la région de Batna, il fut un agent de renseignement et de soutien auprès de la population locale afin de sensibiliser les citoyens et les inciter à intensifier la lutte. Il mena cette action jusqu’au jour où il fut démasqué et recherché par les autorités coloniales. Sa fuite vers les montagnes demeure à ce jour une légende et fait partie des anecdotes inédites. En effet, ses proches compagnons l’aidèrent à se déguiser en jeune mariée, installé confortablement dans une voiture, soigneusement décorée, en tête d’une procession de véhicules roulants dans une ambiance festive.

Au maquis, très vite on l’orienta vers l’action médicale, comme assistant du docteur athamnia, qui l’initia à la médecine de guerre et forgea en lui le dévouement et l’envie du travail bien accompli. Ainsi, il murit à l’ombre de l’action concrète, parmi tant de ses compagnons, fils chéri de cette terre, frère de combat et de serment: celui de vivre libre dans une Algérie indépendante ou mourir en martyr.

La suite de sa vie est éclairée par la lumière de la fidélité à ce serment. “Servir, encore servir et toujours servir“, ses mots furent son élixir.

Au lendemain de l’Indépendance du pays, il fut proche de certaines personnes, du premier cercle de l’Armée de Libération Nationale. Il devint, notamment, infirmier et garde du corps de Mr. Tahar Zbiri, à la fameuse réunion à Villa-jolie, où fut élaboré l’organigramme général de la jeune république algérienne.

Jeune, instruit et futur cadre de la nation, sa hiérarchie lui fit toutes les propositions professionnelles, faire carrière dans la santé militaire ou dans les différents ministères, mais il fait le choix du cœur, retourné servir sa région de son mieux.

Il fut parmi la douzaine de moudjahidines, habilités police judiciaire, à inaugurer le commissariat de police de Batna sous la bannière algérienne.

Une fois la situation sécuritaire stabilisée, il décida de retourner à la santé. S’aidant de sa formation et de ses expériences acquises au maquis, il intégra l’hôpital de Batna où il gravit très vite les échelons pour devenir surveillant médical de toute la structure sanitaire de la ville de Batna. Cependant, il su rester un homme au grand cœur, humain et plein de compassion, à l’écoute et au service des patients.

Organisé, sérieux et boulimique de travail, il ne se contentait jamais d’une seule activité et se projetait toujours vers de nouveaux projets. Il s’occupa de la prévention médicale, fut à l’origine de la création de l’école des sourds et muets de Batna, œuvra à la direction de la nouvelle polyclinique, ainsi qu’à celle de la nouvelle maternité.

Généreux et sensible, il aimait être humble parmi les humbles. Il avait, toujours, les bras ouverts aux petites gens et savait sentir leurs détresses et leurs douleurs. Il était leur porte-voix, leur bras qui triomphait des difficultés et de l’injustice.

Au milieu des années 80s, pour palier a une grande pénurie de sang, il fonda et devint président de la banque de sang de Batna, une tâche qui a hanté ses nuits, tant la responsabilité était gigantesque : on passait d’un simple listing, à toute une organisation complexe à l’image des grandes structures internationales. Il fallait convaincre les donneurs, trouver le financement, les hommes et les locaux. Cette institution restera à jamais liée au nom de son fondateur.

Tenace et obstiné, mue par l’obsession de la perfectibilité et de la fidélité de l’engagement, il ne déviait jamais de sa trajectoire, il savait que le chemin des bonnes causes est jonché de nombreux obstacles.

En homme multiple, il vivait une autre passion, celle du Football, éducateur/entraîneur des jeunes au sein de l’équipe du C.A.B. Il passait des jours et des jours à écumer tous les terrains de football de ville, à la détection et à la promotion des jeunes joueurs dans les différentes équipes du club.

L’essentiel des joueurs de la grande équipe, qui accéda en Division I en 1975, étaient ses élèves. Ils étaient nombreux à qui il paya, sur ses deniers personnels : la douche, la lessive de la tenue, les primes de bienvenue et toutes autres prestations que le club ne pouvait assurer par manque de ressources.

Sa foi dans ces jeunes lui valut la reconnaissance de toute une génération, aujourd’hui quinquagénaires. Ils affirment, tous, d’une même voix, qu’il fut un des personnages les plus importants dans la constitution de leur vie d’homme.

L’hadj Ismail n’a jamais été économe dans l’effort, il a tout donné et à tous. Il n’a rien gardé pour lui, hormis la fraicheur d’esprit d’un jeune homme, pétrit d’espoir de grandeur et de gloire pour l’Algérie et son peuple.

Au soir de sa vie, ses familiers attestent que les différentes épreuves, notamment la maladie et ses séquelles, n’ont faits que renforcer ses profondes convictions, le courage et l’inébranlable croyance religieuse. Ces certitudes ont étaient, surement, la source de ses réactions, sereines et apaisées, face à la brusque et tragique perte de l’être chère, de son fils Djamel-Eddine.

Il nous a donné beaucoup de leçons, dont celle qui, aujourd’hui encore, résonne, toujours vivante à nos oreilles “Quelques soient les circonstances, fais toujours les choses justes et soit intègre, tu ne le regretteras jamais“. Il se faisait un devoir de l’honorer de toutes ses forces. Nous l’admirions pour avoir consacré sa vie à de si nobles causes. En dépit de nos faiblesses et nos limites, nous désirons ardemment perpétuer ses engagements et en être dignes.

Nous, ses proches, avons un seul regret, celui de ne pas avoir profité, aussi longtemps que nous l’aurions voulu, de sa compagnie. Nous aurions tant aimé partager ses souvenirs et ses nombreuses expériences. Nous sommes chanceux de l’avoir connu, qu’il ait guidé nos pas et influencé, à jamais, nos existences.

Il a vécu et il est mort en homme honorable, en bon musulman, conscient de ses responsabilités et ce jusqu’au dernier instant de sa vie.

Qu’Allah le tout puissant l’enveloppe de sa miséricorde et de sa grâce et lui ouvre les portes de son paradis.

Comments


Rencontre avec les notres 
Featured Posts
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Recent Posts

Supermammy

King 

Haboubis

happy Kids

Recherche par Tags
Les notres
bottom of page